A l’affût du grand pic noir : magique

24/10/12

De vosgesmatin.fr

Il faut être bien caché, car ce géant est sans cesse aux aguets. Rentrer dans l’intimité du plus grand pic d’Europe, c’est ce que vous propose aujourd’hui Oiseaux-Nature.



Un sapin envahi d'insectes : une aubaine pour le Pic .



Le mâle , joyau de la forêt sauvage .



Le bec plein de larves . Photos Jacques Martin - Oiseaux et Nature DR .


C’est probablement le mouvement, même imperceptible, de l’observateur, qui trahit sa présence. Ou la modification des lieux par la création d’un affût. Et le grand oiseau noir s’esquive, cherche une autre souche où il va s’en donner à cœur joie, les gros copeaux volant loin autour de lui.

Au premier abord, on pourrait croire qu’il abîme l’arbre, mais très vite on comprend l’objet de sa frénésie : les larves d’insectes xylophages ! Comment a-t-il pu deviner que l’arbre en était infesté ? C’est son secret, son « métier », la base de sa survie ! Quand il défonce les souches, surtout de résineux, on comprend mieux. La décomposition fait son œuvre, les fourmis et autres insectes ne tardent pas à s’installer et à attirer notre oiseau qui en raffole. Surtout de leurs grosses nymphes riches en protéines que sa très longue langue collante va chercher au plus profond des galeries. Et il en faut pour nourrir ce si gros prédateur, aussi grand qu’une corneille.

Comment le trouver ?

C’est sans aucun doute pour cette raison qu’il vit seul sur un immense territoire de 8 à 10 km 2 et d’où il écarte ses congénères. Moins il y a de nourriture disponible, plus ce territoire est vaste, et c’est ce qui rend sa rencontre aléatoire.

Parcourez calmement la futaie de grands arbres, peu importe l’essence. Cherchez les traces de son passage. Et surtout écoutez ! Kru kru kru, kru kru kru… l’oiseau est en vol. Lui seul émet ce cri très caractéristique qui s’entend de fort loin. Klieueuu, klieueuu… tiens, il s’est posé et lance son appel plaintif reconnaissable entre mille.

L’avez-vous vu passer ? Son envergure de 75 cm, de 30 à 35 cm inférieure à celle de la corneille, lui impose de voler bien différemment : un peu comme un geai, avec un seul battement d’ailes entre chaque feston. Avec ces ailes courtes et arrondies, il peut zigzaguer entre les arbres et avec de la chance, vous entendrez le bruit de ce vol puissant.

Mais c’est au printemps, quand le patron des lieux est bien excité, que les rencontres sont les plus faciles. Surtout si vous les provoquez ! Couic couic couic couic, le grand pic noir chante. Sa strophe très puissante et ascendante s’entend jusqu’à un kilomètre ! Eh bien, sifflez fort, entraînez-vous à l’imiter. Mais attention, préparez-vous à le voir arriver derechef. Si vous êtes bien caché, vous serez avertis de son arrivée par les « vouf » vouf » des ailes et surtout le claquement des griffes sur le tronc où il va se plaquer.

Aussitôt, il va grimper par grands bonds puissants, appuyé solidement sur sa queue rigide. Pas facile de stabiliser les jumelles quand le cœur bat bien fort, n’est-ce pas ? Voyez-vous son bec blanc ? Son iris blanc également et sa drôle de pupille noire qu’on dirait déchirée sur l’avant ? Et si sur sa tête anguleuse la calotte est écarlate, rien d’étonnant : vous avez affaire à un mâle qui veut savoir de quel droit cet intrus se trouve chez lui. Et ce grand fracas ? On dirait une rafale de mitrailleuse… C’est le tambourinage. Tous les pics le pratiquent par exemple sur une branche sèche qui sert de caisse de résonnance. Mais alors celui-là, celui du pic noir, c’est impressionnant ! Avec un bruit qui porte aussi à presque 1 km…

Une reproduction originale

Un nid ou plutôt une « loge » creusée cette fois dans un arbre sain, souvent très haut et sans branches en dessous. Ça limite la visite de certains indésirables. L’exploit d’avoir creusé le tronc très dur, tête en bas, sans recul, est considérable. La nichée restera dans la cavité le moins longtemps possible car elle y est vulnérable. Très vite, en une bonne douzaine de jours, ce qui est un record pour un oiseau de cette taille, les 4 œufs vont éclore. Et savez-vous qui a fait le plus gros du boulot d’incubation ? Le mâle ! Ça, on ne sait pas très bien pourquoi…

On repérera la femelle au nourrissage par sa nuque rouge. Mais pourquoi ne lui voit-on rien au bec ? Parce que tout ce qu’elle apporte est « à l’intérieur » ; elle l’a avalé. Dans la loge où elle descend tête en bas, dans le noir, elle repère les bourrelets sensibles que portent les jeunes au bord de leur bec. Dès qu’elle les touche, ils s’ouvrent largement et la régurgitation peut commencer. Eh oui, les adultes « vomissent » ce qu’ils ont avalé dans le gosier des jeunes, et ça prend du temps. Dur labeur que celui des parents pics noirs. Travailler comme ça, tête en bas, dans l’obscurité et sans encouragements de l’entourage, ce n’est vraiment plus de notre époque !

Pas perdu pour tout le monde, le travail de notre géant. Les squatters vont se succéder dans ce refuge inespéré. Il est d’ailleurs absolument indispensable au pigeon colombin. Ce petit pigeon forestier et migrateur n’existerait pas dans les Vosges sans le pic noir. Mais combien d’autres profitent de la cavité. On y trouve souvent la chouette hulotte ou la plus rare chouette de Tengmalm. La sitelle torchepot en réduit soigneusement l’entrée avec de la boue pour y nicher. Des mammifères comme la martre, le loir ou l’écureuil, bien sûr aussi des chauves-souris, s’y succèdent. Certains anciens nids de pic noir sont remplis de miel par des essaims d’abeilles, d’autres hébergent des nids de frelons. Depuis que l’ONF maintient sur pied certains arbres à cavités, tout ce cortège d’espèces variées en bénéficie à nouveau. Il était temps car on vient enfin de comprendre que c’était tout bénéfice pour la forêt.

Source : http://www.vosgesmatin.fr/vosges/2012/10/24/a-l-affut-du-grand-pic-noir-magique#jimage=A7DE4484-39F1-4C24-9E34-9E6B01496491

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