Être suivi par des grallaires dans les forêts sud-américaines...
De ornithomedia.com
Si vous vous marchez dans certaines forêts équatoriennes et colombiennes, il est possible que vous soyez "suivi" par ces petits oiseaux discrets.
Grallaire à tête rousse (Grallaria ruficapilla).
Photographie : Félix Uribe / Sa galerie sur Flickr
Le commensalisme est une exploitation non parasitaire d'une espèce par une autre. L'hôte fournit une partie de sa propre nourriture au commensal, sans obtenir de contrepartie évidente de sa part (le bénéfice de cette relation n'est pas réciproque). L'espèce commensale peut par exemple suivre l'hôte et capturer les proies dérangées par ses déplacements ou ses mouvements : c'est par exemple le cas de plusieurs oiseaux qui profitent des déplacements de gros mammifères qui font fuir les insectes, qui deviennent alors des proies potentielles, ou dans les forêts tropicales, d'oiseaux et de mammifères suivant les colonnes de fourmis provoquant la panique parmi de nombreux invertébrés.
Les relations de commensalisme ont été peu étudiées chez les oiseaux d'Equateur : Harold F. Greeney a publié en 2012 dans la revue Neotropical Biology and Conservation les résultats de ses observations de grallaires qui pourraient, au moins de façon occasionnelle, suivre les mammifères pour trouver de la nourriture. Ce comportement pourrait expliquer le succès des points de nourrissage (où des vers sont déposés) mis en place en Equateur et en Colombie pour attirer ces oiseaux timides et permettre aux observateurs de les voir et éventuellement de les photographier.
Harold F. Greeney est sur le terrain depuis plus de 12 ans, et il a réalisé la plupart de ses observations aux Cabañas San Isidro et près de la station biologique Yanayacu au nord-est des Andes, ainsi que dans la réserve biologique Tapichalaca à l'extrême sud-est des Andes.
Les grallaires (genres Pittasoma, Grallaria, Hylopezus, Myrmothera, Grallaricula) sont des passereaux forestiers qui nourrissent principalement près du sol. Là où des vers sont régulièrement déposés dans les placettes de nourrissage, ces oiseaux deviennent plus familiers, peuvent s'approcher quand on les imite ou qu'on les appelle et même venir manger dans la main ! Mais comment font-elles pour savoir qu'une mangeoire a été alimentée ?
Harold F. Greeney et Eliot T. Miller ont déjà observé à plusieurs reprises des Grallaires à tête rousse (Grallaria ruficapilla), à ventre blanc (Grallaria hypoleuca), à nuque rousse (Grallaria nuchalis), de Ridgely (Grallaria ridgely), naine (Grallaricula nana) et ocrée (Grallaricula nana) suivant des colonnes de fourmis. La fréquence de ces observations suggère que ce comportement serait plus fréquent que l'on ne le pensait auparavant.
Harold a constaté qu'il réalisait ses meilleures observations de grallaires quand il faisait involontairement du bruit dans la végétation dans le sous-bois alors qu'il recherchait leurs nids. Il a noté pour la première fois en 2011 un comportement "suiveur" chez une Grallaire à tête rousse alors qu’il traversait un fourré de bambous près de la station de Yanayacu en 2001 : il avait repéré un mâle perché à plusieurs mètres de là, qui semblait peu dérangé. Après avoir marché 20 mètres, Harold s'est arrêté, et l'oiseau s'est approché. Le nid n'était pas proche a priori. Il est probable que l'oiseau l'avait observé et suivi.
Jose Maria Loaiza B. a rapporté le même comportement avec les Grallaires écaillée (Grallaria guatemalensis) et ocrée : il a vu ces oiseaux recherchant des insectes dans la litière qu'il avait foulée, le suivant à distance et se nourrissant des proies dérangées par son passage. Harold a été suivi de son côté à quatre reprises par des Grallaires naines et deux fois par des Grallaires du Pérou (Grallaricula peruviana).
Durant la construction de sentiers près de la station biologique de Yanayacu, il a vu plusieurs espèce de grallaires, y compris la Grallaire géante (Grallaria gigantea), se nourrissant à quelque mètres de lui dans la terre récemment retournée par les travaux.
Dans la nature, la plupart des grallaires vivent sur le territoire de "grands" mammifères, comme les pécaris, les cerfs, les tapirs ou les ours, ces derniers faisant beaucoup de bruit et pouvant ainsi attirer les grallaires. Ce commensalisme pourrait expliquer la facilité qu'elles ont de s'approcher des hommes pour profiter de la nourriture mise à leur disposition sur les placettes de nourrissages. Cette technique ne perturberait ainsi pas le comportement de ces oiseaux qui ont une tendance innée à observer et à suivre les mammifères.
Les cas d'oiseaux suivant les humains sont rares, mais certaines espèces africaines sont connues pour profiter du passage des gorilles, des primates comme nous.
Source : http://www.ornithomedia.com/breves/etre-suivi-par-grallaires-dans-forets-sud-americaines-...-00737.htmlPartagez sur les réseaux sociaux
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