On ne fait pas son nid n'importe où

11/10/12

Le bruant à gorge blanche est plus affecté que prévu par le chamboulement de son habitat
Par Jean Hamann




Même au sein d'une espèce généraliste comme le bruant à gorge blanche, il y aurait des individus spécialistes des forêts matures et des spécialistes des jeunes forêts.
Photo: Stephen Tabone


Que se passe-t-il au printemps lorsque des oiseaux découvrent que la forêt dans laquelle ils ont niché l'année précédente a été coupée pendant qu'ils séjournaient dans le Sud? Selon les bonzes de l'écologie animale, les oiseaux appartenant à une espèce dite généraliste ne s'en formaliseront pas et éliront domicile dans les parages. Les bruants à gorge blanche de la forêt Montmorency, eux, ne sont pas de cet avis, si l'on en croit une étude publiée dans un récent numéro du Canadian Journal of Zoology.

Patrick Rousseau, André Desrochers et Adam Hadley, du Centre d'étude de la forêt, ont mesuré la dispersion des bruants après une perturbation de leur habitat à la forêt Montmorency, la forêt expérimentale de l'Université Laval située à 75 km au nord de Québec. Le bruant à gorge blanche est une espèce généraliste qui fréquente avec un égal bonheur les parterres de coupe et les forêts matures.

Pendant la période de nidification, les chercheurs ont capturé 96 mâles dans des forêts matures et ils les ont marqués à l'aide de bagues de différentes couleurs permettant de reconnaître individuellement chaque oiseau. L'hiver suivant, des coupes forestières ont été pratiquées dans une partie de ces forêts. Au retour des oiseaux, les chercheurs ont mesuré la distance qui séparait leur ancien et leur nouveau territoire.

Résultat? Les mâles dont les territoires ont été touchés par les coupes se sont déplacés deux fois plus loin que ceux dont le territoire est demeuré intact. Le nouveau territoire choisi par les oiseaux affectés par les coupes contenait plus de forêts matures que ce qui subsistait dans leur territoire précédent. Fait intéressant, les territoires qu'ils avaient abandonnés ont été repris par d'autres bruants à gorge blanche, signe que l'habitat était encore propice à l'espèce.

Selon les chercheurs, ces résultats suggèrent que chaque bruant exprime une préférence pour certains types d'habitats parmi tous ceux utilisés par l'espèce. «Une espèce généraliste peut être composée d'individus spécialistes, résume André Desrochers. Dans le cas du bruant à gorge blanche, il semble y avoir des individus spécialistes des forêts matures et des individus spécialistes des jeunes forêts.»

Cette préférence pourrait avoir des fondements génétiques ou encore provenir d'une imprégnation du lieu de naissance. Peu importe l'apport de chaque composante, les coupes forestières favoriseraient les individus qui préfèrent les parterres de coupe et les jeunes forêts au détriment de ceux dont la préférence va aux forêts matures.

Source : http://www.lefil.ulaval.ca/articles/fait-pas-son-nid-importe-34076.html

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