Certains bécasseaux sacrifieraient leur sommeil à l'accouplement
De maxisciences.com
L'équipe du chercheur Bart Kempenaers du Max Planck Institute for Ornithology vient de montrer que les bécasseaux à poitrine cendrée augmenteraient leur progéniture en réduisant leur sommeil. L'étude, menée sur un site de reproduction des oiseaux en Alaska, a été publiée récemment dans la revue Science.
Le bécasseau à poitrine cendrée augmenterait ses talents de séducteur en dormant moins (Crédit: Andreas Trepte - Wikipédia)
Si vous croyez que le manque de sommeil réduit la capacité à réaliser des tâches complexes, détrompez-vous. D'après une étude de la revue Science, ce serait même l'inverse. Un sommeil léger aurait en effet un impact positif sur la procréation des bécasseaux à poitrine cendrée (Calidris melanotos). Les analyses du sommeil et de la paternité de ces oiseaux, menées par des chercheurs allemands et suisses, présenteraient ainsi d'étonnants résultats : les individus mâles dormant le moins auraient également la plus grande progéniture.
Les bécasseaux à poitrine cendrée effectuent de longues migrations entre les hémisphères Sud et Nord. En mai et juin, ces oiseaux s'accouplent et nichent dans la toundra stérile de l'Alaska, éclairée presque sans interruption par la lumière du soleil. Lors d'un travail de terrain près de Barrow, le directeur du Avian Sleep Group du Max Planck Institute for Ornithology et auteur principal de l'étude, Bart Kempenaers, a constaté une attitude étrange chez les bécasseaux.
Le co-auteur Niels Rattenborg explique à BBC News : "Il a découvert que ces bécasseaux à poitrine cendrée mâles devenaient incroyablement actifs durant toute la période des 24 heures [quotidiennes d'ensoleillement]. [...] Nous avons utilisé diverses méthodes pour comprendre ce qui se passait réellement. Que faisaient ces bécasseaux? Nous avons placé des émetteurs sur leur dos pour mesurer à quels moments ils bougeaient. Ainsi, nous pouvions enregistrer des modèles tout au long des 24 heures, sur une période de plusieurs semaines".
En comparant ces données avec celles de l'activité du cerveau des oiseaux, l'équipe a trouvé une activité extrêmement forte chez certains bécasseaux mâles. Le docteur Rattenborg et ses collègues ont alors décidé de tester la paternité des jeunes nés sur le site. Le docteur Rattenborg explique le protocole utilisé : "Nous avons collecté chaque œuf présent sur le site d'étude, les avons couvés, éclos et avons pris l'ADN de chaque poussin, ainsi nous pouvions dire combien de poussin un mâle donné engendrait. Ensuite, nous avons rendu les poussins à leurs mères". Ces données ont prouvé que les individus les plus actifs, c'est-à-dire actifs plus de 95% du temps, procréaient le plus en dépit de leurs difficultés à dormir durant plusieurs semaines.
Des oiseaux polygames
L'attitude des bécasseaux à poitrine cendrée peut être reliée à leur stratégie d'accouplement, puisque ces oiseaux sont polygames. Ils s'accouplent en effet à plusieurs femelles en période d'intenses compétitions. Pourtant, d'autres espèces de bécasseaux concentrent leurs efforts sur une seule partenaire. "Nous avons aussi observé que les espèces de bécasseaux monogames nichant exactement au même endroit avaient des périodes d'inactivité lors des moments les plus sombres des 24 heures. Ils dormiraient donc pendant que certains bécasseaux à poitrine cendrée mâles sont occupés dans une activité presque constante", d'après Rattenborg.
Le docteur Bart Kempenaers explique également que, dans le cas des bécasseaux à poitrine cendrée, "les mâles doivent constamment repousser leurs rivaux dans une compétition mâle-mâle et convaincre simultanément les femelles avec l'étalage d'une cour intensive". Les mâles s'engagent dans des combats physiques et des chasses aériennes pour les femelles qui seraient "très réticentes" à s'abandonner aux avances masculines. Pour le chercheur : "Les bécasseaux à poitrine cendrée mâles sont capables de maintenir un haut degré de performance de leur neurocomportement malgré la réduction de leur temps de sommeil pendant une période de trois semaines d'intense compétition mâle-mâle pour accéder aux femelles fertiles".
Il semblerait également que le manque de sommeil des mâles n'ait pas d'impact sur leur santé, puisqu'ils reviennent sur le site de reproduction l'année suivante. Rattenborg souligne : "Il y a un vaste corps de recherche qui examine les effets que la perte de sommeil a sur les performances de différents types d'animaux. À presque tous les niveaux, ces études ont montré que même perdre une quantité de sommeil relativement faible, seulement quelques heures par nuit, a des effets négatifs sur notre habileté à réussir des fonctions une fois éveillé". Mais cela ne semble pas empêcher le bécasseau à poitrine cendrée "super-actif" de développer un sommeil adapté à son mode de reproduction.
Source : http://www.maxisciences.com/b%E9casseau/certains-becasseaux-sacrifieraient-leur-sommeil-a-l-039-accouplement_art26146.htmlPartagez sur les réseaux sociaux
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